Le choix d'une commune partenaire peut répondre à différents critères. Mais il doit surtout obéir à un objectif: favoriser la pérennité des relations entre les deux villes. D'où la nécessité d’agir méthodiquement pour mettre toutes les chances de son côté.
Tenir compte des réalités
Lorsque l’on recherche une collectivité partenaire, on doit tenir compte de l'organisation des collectivités locales en Europe. Le nombre et la taille moyenne des communes en Europe varient d'un pays à l'autre : La France compte près de 36 800 communes, soit 3 fois plus qu’en Allemagne, 4 fois plus qu’en Espagne et en Italie et 90 fois plus qu’au Royaume Uni. 95 % de nos communes ont moins de 5 000 habitants. Il sera donc très difficile de trouver une commune de taille équivalente dans beaucoup de pays européens.
De la même façon, il y aura plus de difficultés à trouver des partenaires dans des pays où le nombre de jumelages est élevé par rapport au nombre de collectivités locales. C’est notamment le cas en Irlande et au Royaume Uni, qui sont très recherchés, mais où les partenaires potentielles de moins de 20 000 habitants sont devenues très rares. Face à ces réalités et pour mettre toutes ses chances de son côté, il conviendra donc d'adapter, sinon de mesurer ses exigences, sous peine de ne jamais aboutir.
Elargir ses perspectives
A chaque projet de partenariat, correspond des motivations bien spécifiques. On recherche tel ou tel pays pour son attractivité, sa proximité, sa langue, sa culture…Certains pays sont très sollicités, voire saturés. D’autres sont moins connus, mais très ouverts. Dans ce contexte, mieux vaut ne pas concentrer sa recherche sur un seul pays, surtout s’il existe déjà beaucoup de jumelages avec ce pays. Il est donc suggéré de définir un panel de pays avec lesquels on serait prêt à échanger. Ce panel peut être défini selon des critères divers : Europe du Nord, Europe du Sud, Europe orientale, nouveaux Etats membres, pays candidats, pays voisins de l’Union… L’important est de laisser la porte ouverte à toute opportunité.
Le choix de la commune partenaire
Dans le passé, il était conseillé de dessiner un profil assez précis de la commune partenaire recherchée et donc d’opérer a priori une sélection entre les candidates éventuelles. Comme nous venons de le souligner, la tendance actuelle est plutôt à la pénurie dans la plupart des pays membres de l’Union. Mieux vaut donc être le moins sélectif possible.
En France, les communes sont très nombreuses et c’est de la tranche qui se situe entre 1 000 et 10 000 habitants qu’émerge la plupart des projets. Hors cette tranche représente à elle seule près de 8 500 communes. Ce nombre est beaucoup plus élevé que chez nos voisins européens. La concurrence est donc rude. Les exigences quant au « profil » de la commune recherchée doivent donc être réduites au minimum. Avant tout c’est la fiabilité de chaque partenaire qui doit être évaluée, pas son statut, ni son prestige, ni son accessibilité. On se concentrera donc sur ce qui est essentiel.
Parmi les points à prendre en compte, il convient donc de privilégier :
- une commune de taille compatible (nombre d'habitants, équipements publics, infrastructure)
- un tissu local dynamique (vie associative, culturelle, secteur éducatif…)
- des interlocuteurs motivés et bien organisés
- une communauté de vues quant aux objectifs du partenariat à venir
Cette approche permet ainsi de rester ouvert à toute opportunité et d’éviter les écueils souvent dus à des pratiques dépassées ou à des idées reçues.
Eviter l’aspect anecdotique
Durant plus de 50 ans, certains jumelages se sont fondés sur des prétextes plus ou moins pertinents : évènements ou personnages historiques, similitude de nom, patrimoine, littérature, légendes…etc. De nos jours, ces particularités ne sauraient avoir cours, d’autant plus qu’il serait difficile de dépasser le caractère symbolique de ces éléments pour donner du contenu aux échanges. De nombreux exemples en témoignent. En somme, définir un profil type trop précis n’est plus de mise. Plus on sera exigeant et moins on aura de chances de trouver.
La distance
Le continent européen est vaste. On ne saurait restreindre sa recherche aux zones frontalières de nos pays voisins. Elles sont d’ailleurs saturées depuis longtemps. Une distance que l’on souhaite réduite n’est pas automatiquement un gage de qualité des échanges. De plus, il existe déjà plus de 4 000 villes et communes françaises jumelées avec environ 6 000 partenaires européennes. C’est pourquoi, plus le « rayon d’action » est réduit, moins on trouve de partenaires disponibles. Compte tenu de l’évolution du mouvement des jumelages et de la construction européenne, l’effort relatif au déplacement est plus important aujourd’hui qu’il y a 20 ans. Il est toutefois amoindri par l’amélioration et la diversité accrue des modes et des formules de transports. Trouver une commune partenaire dans le Nord de l’Italie ou de l’Espagne ou dans le Sud de l’Angleterre ou de l’Allemagne, est quasiment devenu mission impossible. La distance est donc une donnée à prendre en compte dans l’organisation, la durée et le financement des échanges, mais elle ne doit pas être un critère rédhibitoire, surtout en ce qui concerne un partenariat européen. Tout est affaire d’organisation, de motivation et d’enthousiasme.
La langue
Source d’angoisses ou de motivations, l’aspect linguistique doit être estimé à sa juste valeur. D’une part, si la barrière de la langue était insurmontable, les milliers d’échanges qui se déroulent chaque année en Europe n’auraient pas lieu. On trouvera toujours un moyen de comprendre ou de se faire comprendre de ses partenaires. L’important est d’adapter les moyens en traduction au contenu des rencontres. La plupart du temps, on sollicitera des enseignants, des lycéens ou des étudiants ou encore des ressortissants du pays partenaire pour apporter leur aide. Ainsi, la traduction dite « consécutive » suffira la plupart du temps. La traduction simultanée, qui nécessite des moyens professionnels (interprètes, cabines, sonorisation) sera utile dans le cadre de projets structurés lors desquels on abordera des sujets élaborés, afin que les intervenants et les participants soient à l’aise pour débattre des sujets abordés.
D’autre part, mieux vaut éviter de se tromper d’objectif. Les échanges entre communes jumelées ne sont pas à proprement parler des sources d’apprentissage linguistique. L’organisation de séjours linguistiques relève de sociétés ou de structures spécialisées qui disposent de professeurs ou d’animateurs qualifiés et qui ont une obligation de résultat. Il ne saurait en être question dans le cadre des jumelages. Quant aux échanges scolaires, il convient de les envisager davantage comme des moyens de découverte que purement sous l’angle linguistique. Un échange de groupe d’une ou deux semaines dans la ville partenaire, même dans le cadre scolaire, n’a que très peu d’impact sur le niveau linguistique des participants. En revanche, les rencontres peuvent avoir pour but d’inciter à la découverte mutuelle de la langue de chaque partenaire ou de conforter celles et ceux qui souhaitent aller plus loin dans son apprentissage. Elles donneront envie à certains de faire plus tard un séjour individuel (stage, job, études, volontariat…) de quelques semaines à quelques mois, qui leur fera faire des progrès spectaculaires.
Entre les échanges, il est tout à fait possible de s’attaquer à cette barrière linguistique tant redoutée. Afin d'encourager les habitants à participer aux échanges, de nombreux comités de jumelage organisent des cours de langues pour jeunes et adultes. On y dispense le plus souvent une initiation ludique, axée sur des aspects concrets, sur la vie quotidienne. Ces initiatives rencontrent un très vif succès. Elles permettent ce que l’on appelle un « déblocage » linguistique qui lève bien des freins à la mobilité ou à l’hospitalité.
L’hospitalité
Principe de base de tout partenariat, l’hospitalité est au centre de chaque rencontre. Il s’agira d’apprendre à l’offrir et à la recevoir. Traditionnellement, elle se manifeste par l’accueil au domicile des participants de la commune hôte. Rien de tel que cette immersion dans la sphère privée de chaque famille si chargée de culture. Chacun fera à sa manière et en fonction de ses moyens. On privilégiera donc cette forme d’accueil gratuit et réciproque. On n’en fera cependant pas un dogme immuable. L’important est que chacun se sente bien, quel que soit son statut, son âge ou son profil. On acceptera donc de s’adapter aux souhaits particuliers (aux frais des intéressés). Les plus récalcitrants seront invités à « passer » pour faire connaissance avec des hôtes (chez qui ils resteront la prochaine fois). On tiendra compte d’exigences pédagogiques liées par exemple à un échange de jeunes (qui préfèrent parfois être hébergés tous ensemble). En aucun cas, l’hébergement ne doit être une source de satisfaction pécuniaire pour quiconque.
La prospection
La prospection est une phase qui peut demander plus ou moins de temps en fonction du(des) pays recherché(s) et des critères plus ou moins nombreux que l’on s’est fixés. Il s’agit d’une étape délicate durant laquelle il faut savoir être patient, persévérant et réactif (lorsque des opportunités se présenteront). Afin d’optimiser les chances de trouver une commune partenaire, il est important de savoir comment chercher afin d’exploiter tous les moyens disponibles.
En premier lieu, il est utile d’interroger des acteurs locaux (entreprises, professionnels, établissements scolaires, associations) susceptibles d’avoir des contacts avec un autre pays. Il peut être judicieux de s’appuyer sur des personnes ayant des attaches dans un autre pays ou qui en sont originaires.
On s’adressera à des communes voisines engagées dans des jumelages. Elles pourront solliciter leur(s) partenaire(s) pour faire passer le mot dans leurs environs.
Les départements ou les régions qui ont des coopérations peuvent être un appui intéressant pour aider à identifier une (des) commune(s) située(s) dans leurs territoires partenaires. Il existe également des structures départementales ou régionales d’animation des jumelages qui peuvent apporter leur soutien à la mise en place de nouveaux partenariats
Pour les pays avec lesquels il existe encore peu de partenariats, on pourra obtenir de l’aide et des conseils de la part des Ambassades de France dans le(s) pays recherché(s) ou contacter les représentations de ce(s) pays en France.
Prospecter sur Internet peut-être efficace. Un certain nombre de sites décrivent en détail l’organisation territoriale des pays. On y trouve souvent les répertoires des communes classées par subdivision territoriale avec des descriptifs et des liens vers leur site Internet. Cette technique peut permettre de constituer des panels de partenaires potentiels à prospecter pour leur proposer un partenariat. Une fois les communes disponibles identifiées, il sera judicieux de leur adresser un dossier comprenant une présentation de sa commune et un argumentaire exposant les motivations et les secteurs ou thèmes sur lesquels on souhaite coopérer.
Si la commune dispose d’un site internet, une rubrique « recherche partenaire » identifiable par les moteurs de recherche devra être créée. Certains réseaux sociaux peuvent être utilisés pour y créer des blogs.
Enfin, grâce à ses relations avec les Associations nationales de collectivités territoriales membres du CCRE dans tous les pays européens, l’Association Française du Conseil des Communes et Régions est à la disposition des communes françaises pour les aider dans la recherche de partenaires en vue d’un jumelage. L’AFCCRE est associée au site internet www.twinning.org mis en place par le Conseil des Communes et Régions d’Europe afin de répertorier, sous forme d’annonces, les demandes de jumelages en Europe et dans le reste du monde.